L'histoire commence avec un personnage nommé Nabil-i-A'zam, auteur d'une chronique détaillée des débuts de la Foi Baha'ie et de son précurseur, le Bab (voir bibliographie). En 1868, vers la fin de son exil à Andrinople, Baha'u'llah envoya Nabil en mission en Egypte. Le consul général d'Iran, ennemi invétéré de la Foi, en apprenant la présence de Nabil au Caire, fit pression sur le gouvernement égyptien pour qu'il le fasse arrêter en lançant contre lui plusieurs fausses accusations. Par conséquent Nabil fut emprisonné, d'abord au Caire puis à Alexandrie.
Dans la prison d'Alexandrie Nabil se lia d'amitié avec le docteur Faris, un Syrien, emprisonné à la suite de problèmes financiers. Au départ ce fut Faris qui essaya de convertir Nabil au Christianisme, mais lorsque Nabil lui confia la bonne nouvelle de la venue de Baha'u'llah, le retour du Christ dans la gloire du père, Faris fut transformé et enflammé par cette nouvelle révélation.
Sans que Nabil le sache, Baha'u'llah venait de commencer son quatrième exil, cette fois-ci vers Saint-Jean-d'Acre, en Palestine, et il fut obligé de faire escale à Alexandrie pour changer de navire.
Le 26 août, donc, vers le coucher du soleil, Nabil, qui était sur le toit de la prison, aperçut à son grand étonnement, un des compagnons de Baha'u'llah qui venait de débarquer pour acheter des provisions. Il l'appela et réussit à persuader le gardien de permettre à son ami de monter le voir. De cette façon il put apprendre les dernières nouvelles. Faris retrouva Nabil, très accablé d'être à la fois si près et pourtant si loin de Baha'u'llah. Nabil avoua à son ami qu'il avait beaucoup de raisons de se réjouir, mais "...hélas, la datte est sur le palmier et hors de notre portée."
Cette nuit-là, incapables de dormir, ils décidèrent d'écrire une lettre à Baha'u'llah. Le lendemain matin Faris réussit à s'arranger pour qu'un ami, un jeune horloger nommé Constantin, chrétien lui aussi, puisse porter leurs lettres à Baha'u'llah sur le navire, avec les poèmes que Nabil avait écrits pendant sa détention.
Observant son trajet du toit de la prison, ils furent déchirés de voir que le navire commençait à partir avant que Constantin, dans un bateau à rames, puisse l'atteindre. Mais à leur grande surprise, au bout de quelques minutes le capitaine fit arrêter le navire afin de permettre à Constantin de le rattraper et de monter à bord.
On transmit les lettres à Baha'u'llah et les membres de sa famille et ses compagnons furent très excités par leur contenu, surtout par la lettre de Faris que Baha'u'llah leur lut à haute voix et dont voici un extrait:
"0 toi, gloire des gloires et le plus exalté des exaltés! J'écris cette lettre et l'adresse à celui qui a été soumis aux mêmes souffrances que Jésus-Christ... Je te supplie par le mystère de ton Etre très joyeux, par ton prophète qui discuta avec toi(Moise),par ton Fils (Jésus), par ton ami (Muhammad) et par ton précurseur (le Bab) qui sacrifia sa vie par amour pour toi dans ton sentier, de ne pas m'empêcher, moi et ma pauvre famille, de voir la splendeur de ton visage.
0 toi qui as enduré tant de souffrances et de tribulations par amour pour nous! Fortifie notre foi, choisis-nous pour ton service et accepte-nous comme martyres dans ton sentier afin que nous puissions verser notre sang par amour pour toi. Nous sommes faibles et ignorants, accorde-nous ta gloire afin que nous ne soyons pas parmi les perdants. Accorde-nous de nous distinguer par notre amour et notre foi, et purifie nos coeurs de tout ce qui va à l'encontre de ton bon plaisir. Aide-nous à oublier notre ego pour que nous ne cherchions aucun repos dans ton service sauf avec ton accord. Ô toi qui connais les secrets des coeurs! Vogues-tu dans une arche en bois? 0 que je languis de faire partie de ce vaisseau béni, car il porte son Seigneur. 0 mer houleuse! Ton agitation , est-elle suscitée par ta crainte du Seigneur glorieux? 0 Alexandrie! Es-tu accablée de chagrin parce que celui qui est l'Eternel, le Très-Sage, quitte tes rivages? 0 ville déserte de Saint-Jean-d'Acre! Tu applaudis, emportée par la joie et tu t'extasies, car le Seigneur dans sa grande gloire bénira ton sol de ses pieds..."77
Alors Baha'u'llah écrivit une lettre à Nabil dans laquelle il loua et bénit Faris. Ensuite il appela Constantin et lui remit une lettre en lui témoignant beaucoup d'affection. Constantin fut tellement bouleversé par cette brève rencontre que lorsqu'il revint remettre la lettre à Faris on l'entendit crier tout haut: "Par Dieu, j'ai vu le père céleste!"
Faris l'embrassa sur les yeux et dit: "A nous le feu de la séparation, à toi les bienfaits de contempler le Bien-Aimé du monde."77
Comme Baha'u'llah l'avait promis dans sa lettre, Faris fut libéré trois jours plus tard et se leva pour propager sa nouvelle foi parmi son peuple.. Nabil, lui aussi, fut libéré bientôt après et, étant obligé de quitter l'Egypte, il se hâta de rejoindre Baha'u'llah en Terre Sainte.
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