UN MARIAGE BAHÁ'Í
Une note bien orientale fut donnée vers la fin de la visite de 'Abdu'l-Bahá à Londres, avec le mariage d'un jeune couple persan qui avait souhaité sa présence à la cérémonie. La mariée était arrivée de Baghdád accompagnée de son oncle pour rejoindre ici son fiancé et célébrer le mariage avant le départ de 'Abdu'l-Bahá. Le père et le grand-père de la mariée avaient été des disciples de Bahá'u'lláh à l'époque de son bannissement.
Nous hésitons à modifier la description de la cérémonie faite par le marié et nous la publions donc avec ses propres mots, à la fois simples et beaux. Cela nous permettra de montrer un aspect non encore abordé ailleurs, et sans lequel aucun aperçu sur la venue de 'Abdu'l-Bahá ne serait complet. Nous voulons parler de l'attitude de déférence que les orientaux venus voir 'Abdu'l-Bahá témoignèrent à l'égard de leur grand maître. Ils sont invariablement debout la tête inclinée chaque fois qu'il entre dans une pièce.
Voici ce qu'écrit Mírzá Dawud.
Le matin du dimanche 1er octobre de l'an de grâce 1911, équivalant au 9ème Tishi 5972 (Ere hébraïque), Regina Núr Mahal Khanúm et Mírzá Yuhanna Dawud furent admis en la sainte présence de 'Abdu'l-Bahá - puisse ma vie lui être offerte en sacrifice!
Après nous avoir reçus, 'Abdu'l-Bahá dit: "Vous êtes les bienvenus et cela me rend heureux de vous voir ici à Londres".
Me regardant, il déclara: "Je n'ai jamais célébré un mariage auparavant, excepté celui de mes propres filles. Mais comme je vous aime beaucoup, et puisque vous avez rendu un grand service au Royaume d'Abhá, à la fois dans ce pays et dans d'autres contrées, je célébrerai votre cérémonie de mariage aujourd'hui. C'est mon espoir que vous continuiez tous deux dans le sentier béni du service".
Alors, pour commencer, 'Abdu'l-Bahá fit venir Núr Mahal Khanúm à ses côtés et lui dit: "Aimez-vous Mírzá Yuhanna Dawud de tout votre coeur et de toute votre âme?" Elle répondit 'Oui, je l'aime'.
Puis 'Abdu'l-Bahá m'appela près de lui et me posa la même question: "Aimez-vous Núr Mahal Khanúm de tout votre coeur et de toute votre âme?" Je répondis 'Oui, je l'aime'. Nous retournâmes ensemble à notre place. 'Abdu'l-Bahá prit la main droite de la mariée et la mit dans celle du marié et nous demanda de prononcer après lui: "Nous faisons tout pour plaire à Dieu (20)".
Nous nous assîmes tous et 'Abdu'l-Bahá continua: "Le mariage est une sainte institution qui est très encouragé dans cette Cause bénie. Maintenant, vous n'êtes plus deux, mais vous êtes un. Le souhait de Bahá'u'lláh est que tous les hommes soient d'un seul esprit et se considèrent d'un seul grand foyer, afin que l'esprit de l'humanité ne soit pas divisé.
C'est mon souhait et mon espoir que vous soyez bénis durant votre vie. Puisse Dieu vous aider à rendre de grands services au Royaume d'Abhá et puissiez-vous devenir un moyen pour son avancement.
Puisse la joie croître en vous au cours des années, et puissiez-vous devenir des arbres florissants portant de délicieux fruits parfumés qui sont des bénédictions dans le sentier du service."
Abdu'l-Baha : Abdu'l-Baha a Londres
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Mademoiselle Bertha Herbert à l'occasion d'une réception chez Madame Monod. Bertha Herbert lui fera rencontrer par la suite Mademoiselle Ethel Rosenberg (cf. note n°21) et Hippolyte Dreyfus (premier français bahá'í). De retour à Londres elle rencontrera Madame Thornburgh-Cropper (cf. note n°22). 'Abdu'l-Bahá lui fera l'honneur, en réponse à son invitation, de résider chez elle à Londres, au 97 Cadogan Gardens, en septembre 1911. Lady Blomfield suivra 'Abdu'l-Bahá à Paris début octobre 1911. Elle sera l'une des quatre femmes qui, grâce à leurs prises de notes, seront à l'origine de la publication des Causeries de 'Abdu'l-Bahá à Paris. Lors de sa seconde venue en Grande-Bretagne, 'Abdu'l-Bahá retournera à Londres chez Lady Blomfield. Elle demandera la permission d'envoyer un message au Roi George V, mais 'Abdu'l-Bahá l'en dissuadera pour prévenir toute incompréhension. Lady Blomfield se mettra au service des blessés durant la première guerre mondiale tout en restant une active bahá'íe. Au printemps 1918, son action auprès de Lord Lamington permettra que le Secrétaire d'État britannique aux Affaires Etrangères, Arthur Balfour, télégraphie au Général Allenby de protéger 'Abdu'l-Bahá, sa famille et ses amis. Elle recevra le nom de Sitarih Khanúm de 'Abdu'l-Bahá. Elle fera partie des quelques bahá'ís qui auront à consoler le Gardien Shoghi Effendi à l'ascension de 'Abdu'l-Bahá, et qui l'accompagneront jusqu'à Haïfa pour commencer à l'assister sur place dans ses lourdes tâches. Elle y servira plusieurs mois durant l'absence du Gardien en 1922. Plus tard, de retour en Angleterre elle écrira un livre sur tout ce qu'elle put voir et apprendre lors de son séjour en Terre sainte. Elle décédera le dernier jour de 1939, quelques semaines après avoir terminé la rédaction de son livre The Chosen Highway dont la Main de la Cause de Dieu Hasan Balyuzi écrira à sa demande la préface, mais qu'elle n'aura jamais l'occasion de lire (O.Z. Whitehead, Some early bahá'ís of the West, George Ronald, Oxford, 1976)
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